Président des Vert’libéraux genevois, l’avocat Aurélien Barakat assure que sa détermination reste intacte, malgré le revers subi par son parti lors des élections fédérales du 22 octobre dernier. Et revendique plus que jamais une approche pragmatique et sans concession de la protection du climat. Portrait.

Aurélien Barakat est de ceux dont on ne devine pas la ténacité au premier coup d’œil. Son regard doux et son caractère avenant pourraient même en tromper plus d’un, au moment où il accueille ses visiteurs en Vieille-Ville genevoise et les installe dans une vaste salle aux hauts plafonds – jusqu’à ce que l’avocat de trente-cinq ans, docteur en droit et associé de l’étude Kellerhals Carrard, détaille les ambitions qu’il nourrit pour le parti vert’libéral qu’il préside au niveau genevois. On en viendrait presque à douter de la survenue du 22 octobre et du recul accusé par les Vert’libéraux, tant Aurélien Barakat garde confiance dans le potentiel de son parti. Au bout de quelques minutes, il s’excuse de discourir et sourit en évoquant ses souvenirs de jeune adulte : « Je parlais tellement que mes amis me disaient de devenir avocat. Ou journaliste. »

« Je vis mal l’idée que l’on s’éteigne
dans un grand silence assourdissant »

C’est le droit qui primera. Plus précisément, sa passion pour le droit et la réglementation des relations sociales, qui l’amène à l’Université de Fribourg, où il fourbit ses premières armes en bilinguisme, mais aussi à Londres et à Washington au cours d’un Master transnational. Il se tourne rapidement vers le droit fiscal, séduit par la complexité du domaine : en comprendre les règles permet de saisir la nuance pour formuler le meilleur argument, analyse-t-il, mais aussi de discerner ce qui permet d’influencer ou de mieux défendre un dossier.

Un art qu’il maîtrise au point d’être lauréat, en 2014, du premier prix de l’Ordre romand des experts fiscaux diplômés. La récompense ne le comble pas pour autant. Excès de confort inhérent à une profession toujours plus demandée ou goût naturel pour le jeu politique ? Sans doute un peu des deux, concède Aurélien Barakat qui se tourne en 2020 vers le parti vert’libéral genevois, suite à sa lecture du rapport du GIEC sur les conséquences du réchauffement climatique. Un véritable tournant, à l’aube de sa trentaine : la transition lui semble dès lors plus impérative que jamais. « J’ai toujours été éco-sensible, confie-t-il. Je vis assez mal l’idée qu’on s’éteigne dans un grand silence assourdissant. »

Encouragé par son ancienne enseignante, Isabelle Chevalley, alors vice-présidente des Vert’libéraux, il intègre la section genevoise du parti, à sa plus grande satisfaction : « j’ai trouvé dans la politique ce que j’aurai cherché dans le journalisme si j’avais suivi cette voie », résume-t-il.

Aurélien Barakat lors de son élection au poste de président des Vert'libéraux genevois, le 13 septembre 2022. ©Vert'libéraux genevois
Aurélien Barakat lors de son élection au poste de président des Vert’libéraux genevois, le 13 septembre 2022. ©Vert’libéraux genevois

L’avocat féru du débat trouve rapidement sa place au sein du parti cantonal. En l’espace de deux ans, il est élu successivement vice-président et président. Jusqu’à Berne, on salue son dynamisme : « Il est orienté vers le futur, relève Jürg Grossen, président des Vert’libéraux suisses. Il combine ambition et pragmatisme, et est à la recherche de solutions concrètes. »

Autant de capacités sur lesquelles pèsent désormais de fortes attentes, tant la situation du parti a changé en l’espace d’une législature. La vague verte de 2019 semble en effet bien lointaine : le 22 octobre dernier, les Vert’libéraux ont perdu pas moins de six sièges au Conseil national, dont celle du Genevois Michel Matter. Mais Aurélien Barakat réfute être démoralisé par le scrutin : « Nous avons perdu des sièges au Conseil national, certes, mais nous avons perdu seulement 0,2 point de pourcentage, soit la même proportion que le PLR. »

Dépôt de l'initiative « Pour un congé parental maintenant ! » par les Vert'libéraux genevois, le 14 décembre 2021. ©Vert'libéraux genevois
Dépôt de l’initiative « Pour un congé parental maintenant ! » par les Vert’libéraux genevois, le 14 décembre 2021. ©Vert’libéraux genevois

L’avocat assure, en outre, avoir les épaules pour continuer à porter le parti. Selon lui, l’effet de levier reste très important et le maxima n’a pas été atteint : en d’autres termes, le potentiel est intact, notamment au niveau communal. « Nous sommes un parti centriste, progressiste, qui porte l’écologie avec les entreprises, analyse-t-il. Nous sommes beaucoup moins conservateurs que le Centre, et proposons un vrai soutien aux petites et moyennes entreprises, qui se sentent de moins en moins représentées par le PLR. Sans compter que la thématique de l’immigration, préoccupation majeure dans les urnes, sera surtout celle d’une immigration climatique. »

Comment expliquer dès lors l’érosion du soutien à la cause écologiste ? Pour Aurélien Barakat, le nom même de son parti pourrait en être la cause, renvoyant d’une part à un imaginaire d’activistes et d’interdictions et, d’autre part, à la notion de libéralisme qui bénéficie, en Suisse romande, d’une connotation moins positive qu’en Suisse alémanique. L’une des solutions pourrait, donc, être un rebranding – une idée qu’il fait germer à Berne en ce moment, au sein du groupe national.

D’ici à ce que la transition climatique soit actée – moment auquel il prévoit de suspendre son engagement politique – Aurélien Barakat continue d’œuvrer, depuis Genève, pour un tout autre type de transition, cette fois du côté du droit fiscal : la planification successorale, la restructuration du patrimoine et la transmission de sociétés. Et rêve déjà à une retraite où il prendrait la plume, sur la trace du grand Tolkien et de la Terre du Milieu. Il coucherait alors sur papier une trilogie retraçant les grandes questions de notre temps : religions, science, guerres de pouvoir… mais aussi le danger d’atteindre les limites d’une planète que de personnages héroïques tenteraient, par tous les moyens, de sauver.

Charlotte Frossard

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