Ella-Mona Chevalley, l’élue éco-féministe qui détonne

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Candidate pour les élections au Grand Conseil vaudois et conseillère communale à Yverdon, la militante Solidarité&Ecologie Ella-Mona Chevalley est déterminée à bousculer les codes de la politique.  

Ella-Mona Chevalley est sortie tête de liste chez les Jeunes Verts lors des élections fédérales de 2019. © Keystone
Des longues tables en bois, des peintures d’oiseaux, des objets chinés : c’est dans un café yverdonnois sans chichi qu’Ella-Mona Chevalley est attablée devant une tasse de thé fumante. Un lieu à l’image de la conseillère communale Solidarité & Ecologie, cheffe de l’alliance Verts et Solidaires, le groupe le plus important au conseil communal d’Yverdon fort de 27 personnes.
L’étudiante de 24 ans s’est notamment fait connaître du grand public avec l’affaire des graffitis féministes. Des tags qu’elle a réalisés sur des murs de la ville d’Yverdon durant la journée des droits de la femme il y a 2 ans et pour lesquels elle a été condamnée l’été passé à une peine légère.
Sortie tête de liste des Jeunes Verts vaudois lors des élections fédérales en 2019, elle a récemment rejoint le groupe à gauche de la gauche Solidarité & Ecologie, pour «porter des revendications de critique de la croissance économique et de changement de nos systèmes en profondeur», souligne-t-elle. Candidate à l’élection du 20 mars au Grand conseil vaudois, c’est donc au sein de la coalition Ensemble à Gauche qu’elle se présente.  

«On ne peut pas séparer la cause féministe et écologiste» 

Un parti à la hauteur des convictions de la jeune femme qui se présente comme éco-féministe. Une étiquette qui résume le combat qu’elle mène contre un système capitaliste qu’elle juge opprimant. «On ne peut pas séparer la cause féministe et écologiste. Notre système exploite tout, la force humaine comme les ressources naturelles. Le capitalisme optimise tout ce qui peut l’être pour assurer une croissance économique. J’estime qu’il y a une bataille culturelle à mener», martèle-t-elle.
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Un militantisme radical qu’elle ne craint pas d’afficher en rejoignant la Grève du climat il y a 3 ans. Elle fera partie des 22 militants qui déposent, en janvier 2020, des galets de charbon dans la succursale lausannoise de l’UBS au lendemain de l’acquittement de la « partie de tennis » dans les locaux de Crédit Suisse.  

Une jeunesse qui se veut légitime

Faire entendre sa voix, faire sa place et prouver sa légitimité : un fil rouge qui parcourt la vie d Ella-Mona Chevalley. Fille d’un agriculteur et d’une notaire, sa famille quitte leur domaine d’Orzens lorsqu’elle a 3 ans pour rejoindre Yverdon. Dernière d’une fratrie de trois enfants, elle peine parfois à faire passer ses convictions écologistes. Une situation dont elle parle avec le sourire, mais un sourire qui cache une fragilité qui transparaît brièvement dans son regard lorsqu’elle évoque sa vie privée. Un sujet sur lequel elle préfère toutefois rester discrète. A 12 ans, c’est le directeur du collège de Léon-Michaud qui lui impose le silence, ainsi qu’à ses camarades de classe, lorsqu’elles dénoncent les mains baladeuses d’un enseignant de gymnastique : « On nous dit toujours de nous taire, j’ai même eu honte de moi-même alors que j’étais dans mon droit », regrette-t-elle.  

 «Ce sont plutôt toutes les personnes qui m’ont agressée qui devraient demander pardon» 

 Un sentiment d’injustice qui renaît l’année dernière lorsqu’elle est jugée pour ses tags féministes. «Tout ce qui intéressait les journalistes c’est le fait que je sois une élue et que j’avais commis des actes répréhensibles. Alors que mon but était de mettre en lumière le vrai sujet derrière mon action.» La réaction du président des Verts vaudois dans le journal 24 heures, Alberto Mocchi, dans les médias l’affecte particulièrement. «Lorsqu’il a dit que j’avais le droit au pardon, j’ai trouvé cela très dur car mon but était de dénoncer des violences sexistes. J’étais dans une bataille dont j’essayais de sortir la tête haute en assumant ce que j’avais fait et son jugement m’a mise dans une position de victime», confie-t-elle avec émotion avant d’ajouter : «Ce sont plutôt toutes les personnes qui m’ont agressée qui devraient demander pardon. Ecrire «être une femme tue », n’est pas une erreur.»
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Mathilde Marendaz lors de la Grève du climat à Lausanne en 2020. ©Keystone (Jean-Christophe Bott)
Si Ella-Mona Chevalley est marquée, elle n’est pas découragée pour autant. A la fois «forte et sensible», c’est ainsi que Mathilde Marendaz, conseillère communale Solidarité & Ecologie à Yverdon et candidate au Conseil d’Etat la décrit: «Elle porte ses idéaux avec détermination et calme.» 

«Il faut un groupe fort pour pouvoir agir»

Pousser les lignes et oser plus. Pour Ella-Mona Chevalley : «On n’a pas d’autre choix que d’agir.» Une ligne de conduite qu’elle retrouve dans la gauche de la gauche chez Solidarité & Ecologie : «Il faut un groupe fort pour pouvoir agir à la hauteur des enjeux», souligne-t-elle. Selon Ruben Ramchurn, président de l’UDC yverdonnoise, si la conseillère communale a une idéologie bien tranchée, cela ne l’empêche pas d’avoir un esprit ouvert : «C’est une nouvelle génération qui débarque en politique et qui casse des partis souvent sclérosés. Ella-Mona Chevalley a compris que l’intérêt du citoyen doit être supérieur à l’intérêt des partis.» Alors que des protestations se font parfois entendre lorsqu’elle prend la parole durant les séances du législatif, elle se nourrit de l’énergie de son groupe. «Je préfère avancer dans un parti sans filtre qui n’a pas peur d’assumer ses revendications.»
Si l’exposition publique qui découle de la fonction politique n’est pas toujours facile à gérer, elle serait fière d’être élue au Grand Conseil car elle sait que «il y a un groupe derrière moi qui est déterminé.» Une fonction qui n’est toutefois pas une fin en soi pour elle. «Le jour où je réalise que je ne suis pas utile, que nos buts ne sont pas atteints, je quitterai la politique.» 
Ella-Mona Chevalley en 5 dates:
1997
Naissance puis enfance à Yverdon dès 2000.
2016 Bachelor en sciences de l’environnement à l’Université de Lausanne puis Master en sciences politiques et environnementales à l’ETH à Zurich.
2019 Entrée chez les Jeunes Verts et tête de liste lors des élections fédérales. Intègre la Grève du Climat.
2020 Graffite des murs à Yverdon lors de la journée des droits de la femme pour lesquels elle est condamnée en 2021.
2021 Elue conseillère communale Jeunes Vertes à Yverdon puis chez Solidarité & Ecologie. Cheffe de l’alliance Verts et Solidaires. Candidate au Grand Conseil vaudois au sein de l’alliance Ensemble à Gauche. 

Pour aller plus loin sur rts.ch: L’engagement des jeunes pour le climat durant la crise

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