Rencontre La Ducati Superleggera V4 est, sans le moindre doute, la moto la plus sulfureuse et la plus exclusive de la production actuelle. Et lorsque Ducati Suisse m’a proposé de me la confier pour la mettre en image, je n’ai pas hésité un instant.
C’était un lundi de novembre. Un morne début de semaine comme seule l’année 2020 peut nous en offrir. L’un de ces instants matinaux où le cerveau est embrumé, hésitant entre plonger dans la grise réalité ou retourner vers la douceur de ses songes. Et pourtant, un coup de fil allait tout faire basculer. Comme un électrochoc, l’info tombait dans mon oreille encore endormie. La Ducati Superleggera allait s’offrir à moi l’espace d’une nuit, pour une séance photo des plus intimes.
Je ne suis pas de ceux qui peuvent se targuer de poser le genou en courbe. Ni sur circuit, ni sur route. Ou alors, une seule fois. Pourtant, la Superleggera réveille en moi un sentiment complexe, savoureux mélange de sensualité et de bestialité, mais aussi d’appréhension face à ses performances hors-norme. J’imagine difficilement le moindre motard – ou n’importe quel être humain du reste – être insensible à la pureté de ses lignes. Bien sûr, on peut ne pas apprécier ses ailerons en carbone et préférer des flancs de carénages vierges et teintés d’une lisse innocence. Mais personne ne peut rester de marbre devant un tel chef-œuvre, surtout lorsqu’on connait les particularités techniques de ce dernier.
234 chevaux. Pour 152 kilos.
De quoi être le premier homme sur Mars d’une rotation trop franche du poignet droit. Un rapport poids-puissance impressionnant, qui résulte d’un travail d’allégement extrême. Le degré de finition et le soin apporté aux détails est simplement ahurissant et je pourrais passer des heures à la détailler, à ressentir sa matière du bout des doigts et à imaginer sa substance profonde. Et j’y ai, d’ailleurs, passé la nuit. Subjugué par son charisme. Et hypnotisé par ses courbes.
Revenons à ce lundi matin. Au bout du fil, il y a le directeur de Ducati Suisse. Il sait que j’aime les belles choses. Et connaît ma sensibilité concernant les mécaniques de Borgo Panigale. Impossible pour moi de ne pas saisir une telle opportunité. La moto est au bout du lac pour quelques jours, chez Ducati Genève, dans le cadre d’une tournée de présentation aux quatre coins de la Suisse. Grâce à la passion des patrons, je vais pouvoir «emprunter» la Superleggera à la concession genevoise. Ce sera pour la nuit du mardi au mercredi.
Il reste à trouver un lieu adapté à la bête. Capable de souligner la puissance brute et l’aspect exclusif de la machine. Un écrin à la hauteur de ses performances hors du commun. Les idées ne manquent pas pour sublimer la Superleggera. Il va donc me falloir faire confiance à mon feeling et suivre mon instinct pour trouver un cadre à la hauteur du trésor qui m’est confié.
Mardi. 18h.
La moto est chargée avec délicatesse dans un fourgon. Me voilà parti au travers d’une froide nuit genevoise, pour un shooting d’exception. Étrange sensation que celle de sillonner la ville endormie avec comme cargaison l’une des plus rares et chères motos de la production actuelle. 500 exemplaires pour le monde entier. Et un tarif qui dépasse les 100000 francs.
Parmi les lieux envisagés se profile la vieille-ville de Genève. Je veux mettre en relation la Superleggera avec le côté exclusif et huppé de la cité de Calvin. Et composer avec ses symboles les plus connus. Le jet d’eau étant éteint pour cause de pandémie, il me reste la cathédrale Saint-Pierre et les rues pavées qui l’encerclent. Un choix qui s’avérera plutôt judicieux, tant le gigantisme de l’édifice fera écho à la démesure de la surpuissante sportive.
Une séance photo chargée en émotions
En résulte une série d’images à l’atmosphère chaleureuse et solennelle à la fois qui, je l’espère, saura retranscrire avec justesse mes émotions durant ce rendez-vous intimiste avec l’une des plus exclusives motos produites par Ducati. Un moment qui restera, sans aucun doute, à jamais gravé dans ma mémoire.
Crédit photo: © M. Deshusses