Depuis mai 2021, il est devenu le plus jeune président du Grand Conseil du canton de Genève. Diego Alan Esteban est tombé tôt dans la marmite de la politique. Des réunions du Parlement des jeunes genevois jusqu’au Parlement, le politicien ne prend pas sa nouvelle fonction pour acquise.
La cravate rouge aux couleurs de son parti, le regard franc, l’écusson de la République de Genève placée sur son cœur, Diego Alan Esteban se fond à merveille dans le décor du Café du Lys, café réputé en plein cœur de la Cité de Calvin. Il est 16 heures et le politicien n’est pas prêt d’avoir terminé son marathon quotidien.
Quand il s’assied enfin, ce n’est pas un verre de vin qu’il commande mais un thé vert. À 28 ans, il n’a jamais bu ni fumé. Il est aussi devenu le plus jeune président du Grand Conseil. Le Genevois a passé la journée entre les caméras et les micros pour l’inauguration de la nouvelle salle du Grand Conseil. Une salle remplie de symboles à l’image des sièges dessinés « par le même concepteur de ceux des Nations Unies », explique-t-il avec des étoiles dans les yeux. « Une nouvelle salle accessible aussi pour les personnes en situation de handicap », souligne le socialiste.
De l’associatif à la politique
Ses premiers pas dans son parcours scolaire genevois n’ont pas été une partie de plaisir. Harcelé toute son enfance, c’est la trompette et la musique qui seront son refuge. La période du collège est synonyme d’un nouveau souffle. Nouvelles amitiés, nouvelles activités et nouveaux intérêts. Il découvre des cours de géographie qui le passionnent, le goût du débat qu’il développe et finalement l’engagement associatif qui ne le quittera plus.
Avant de se lancer en politique, Diego Alan Esteban a été l’un des membres fondateurs du Parlement des jeunes genevois où il s’investit « corps et âme ». Une association dans laquelle il sera actif plus de 6 ans avec des postes importants comme celui de secrétaire du comité.
Vient le moment du choix des études. Entre Relations Internationales et Droit son cœur balance. Ce sera finalement le Droit qui l’emportera, mais les difficultés vont arriver dès le premier semestre avec une moyenne négative. Mais l’étudiant ne se laissera pas décourager pour autant. Il tient bon et prend le temps nécessaire pour finir le cursus.
Pendant cette période, sa curiosité n’est pas complètement assouvie. Elle pousse le Genevois à assister dans le public aux séances du Grand Conseil. Son amour grandissant pour la chose politique l’amène à rejoindre les rangs du PS Genevois. Son dévouement et sa passion vont tout de suite être reconnus par les anciens du parti. Ces derniers vont convaincre le petit nouveau à accepter le poste de président de la section communale du PS Trois-Chênes, Arves et lac.
Le parcours du combattant
Son élection en mai 2021 n’a pas été une partie de plaisir. Alors que tout le monde se souvient de lui comme la personne la plus jeune jamais élue à cette fonction, il souligne qu’il n’a obtenu que 2/3 des voix, « une première pour le Grand Conseil », explique-t-il sans sourciller du regard. Il ajoute : « Il y a eu énormément d’abstentions. La droite a voulu faire barrage. » Mais elle n’a pas réussi, et le voici embarqué dans une nouvelle aventure.
« Quand on a vécu la législature de l’affaire Maudet et celle de pandémie de coronavirus, plus rien ne vous fait peur. »
Il reprend les rênes d’un navire en pleine pandémie. « Quand on a vécu la législature de l’affaire Maudet et celle de pandémie de coronavirus, plus rien ne vous fait peur ». Il rit. Et pourtant, la pression n’a pas été facile à gérer. Les attaques de ses collègues sont nombreuses.
« J’ai retrouvé les Caïds de la cour de récréation au Grand Conseil. »
Il affirme : « J’ai retrouvé les Caïds de la cour de récréation au Grand Conseil. » Son échappatoire, le chant, et surtout le karaoké. « Quand je peux, je m’y rends deux à trois fois par semaine ». Diego chante, préside et milite. Il se transforme donc en véritable homme orchestre pour gérer son quotidien.
L’enfant prodige de la politique genevoise
Contre vents et marées, le destin de Diego Alan Esteban aura été semé d’embûches. De victime d’harcèlement scolaire à au poste de président du Grand Conseil, ce qui peut s’apparenter à un parcours du combattant est, pour le concerné, un chemin d’une logique déconcertante.
Et quand on lui demande où est-ce qu’il se voit dans les prochaines années, il répond qu’il est déjà arrivé à destination. La seule chose qu’on pourrait lui souhaiter : « plus de temps pour pouvoir prendre des cours de chant afin de rejoindre un groupe de reprise. »
Les 5 dates clés de son parcours
1993 Naissance à Genève d’un père américain et cubain et d’une mère anglaise
2011 Membre du Parlement des jeunes genevois
2012 Début du cursus universitaire en droit
2015 Adhésion au Parti Socialiste Genevois
2021 Élection au poste de Président du Grand Conseil de la République et canton de Genève