Le Conseil fédéral souhaite activer le statut de protection S pour les réfugiés ukrainiens. “Une approche trop temporaire” selon la conseillère aux Etats Lisa Mazzone (Vert.e.s/GE). Pour les Vert.e.s, c’est l’occasion de revoir la politique suisse en matière d’asile.
« Accueillir, ce n’est pas uniquement faire de la charité.” C’est en ces termes que s’est exprimée la politicienne genevoise lors d’une conférence de presse à Lausanne, le jeudi 10 mars. Si le le statut de protection S destiné à faciliter les procédures d’admission pour les personnes fuyant l’Ukraine n’est pas contesté, sa mise en consultation par le Conseil fédéral a amené une réponse de la part des Vert.e.s.
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Créé dans les années 90, lors des guerres de Yougoslavie, ce mécanisme n’a jamais été appliqué en Suisse. Il permet d’accorder aux réfugiés ukrainiens une protection jusqu’à la fin du conflit, rapidement et sans complications bureaucratiques.
Une approche critiquée
L’approche privilégiée par le Conseil fédéral est critiquée par Lisa Mazzone. “La logique du gouvernement se base sur un statut temporaire. Or, la durée du conflit est difficile à établir. En axant sur une stratégie de retour rapide de ces personnes dans leur pays, on ne leur donne pas les moyens nécessaires pour s’intégrer en Suisse et faire partie de la collectivité.”
« On ne veut revivre la situation en Syrie et en Afghanistan où la Suisse a été avare en matière de solidarité”
La conseillère aux Etats souhaite également un accès plus rapide au marché du travail pour les bénéficiaires de ce statut spécial: “Aujourd’hui, le délai est de 3 mois et est soumis à l’autorisation des cantons, c’est trop long”. Autre point que la politicienne genevoise estime problématique: le tri des personnes en fonction de leur nationalité ukrainienne ou de leur permis de séjour en Ukraine. “L’accueil fourni par la Suisse ne peut être discriminatoire”, déclare-t-elle avant de plaider également en faveur d’un droit d’asile pour les personnes individuellement menacées.
Des différences de traitement entre les pays
Si Lisa Mazzone se réjouit de cet élan de solidarité et de la réponse rapide du Conseil fédéral, elle espère qu’ils ne se limiteront pas à des conflits aux portes de l’Europe. “Chez les Vert.e.s, nous souhaitons que cette nouvelle façon d’appréhender la protection puisse se répandre dans notre droit d’asile. Une différence de traitement selon l’origine géographique des réfugiés n’est pas tenable. On ne veut revivre la situation en Syrie et en Afghanistan où la Suisse a été avare en matière de solidarité”, conclut-elle.
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