Développer le réseau des bornes de recharge pour les voitures électriques, taxer le kérosène, durcir les conditions d’exemption de la taxe carbone pour les entreprises : après l’échec de la loi CO2 dans les urnes, le conseiller national écologiste a présenté jeudi les mesures qu’il estime les plus urgentes dans le domaine des transports, du chauffage et de l’industrie
Le dimanche 13 juin, le peuple refusait à 51,6% le projet de loi sur le CO2, qui semblait pourtant bénéficier d’un large soutien politique et populaire. Désormais, « on doit reconstruire la maison », a déclaré Daniel Brélaz devant la presse. Car si la loi CO2 a été refusée de justesse, « 70% des Suisses se disent néanmoins favorables à des mesures réelles pour le climat », a-t-il souligné.
Une concession sur le carburant
Pour le Vert, il s’agit dans un premier temps de maintenir la taxe CO2 de 120 francs par tonne sur le mazout et le gaz, et de 5 centimes par litre d’essence, mais sans l’augmenter comme le prévoyait le texte de loi refusé dans les urnes : « Les enquêtes montrent que 7% des gens qui ont voté contre le projet s’opposaient uniquement à cette mesure. »
«Il faut que le kérosène en Suisse soit enfin taxé»
Toujours dans le secteur des transports, Daniel Brélaz plaide pour que la Suisse impose systématiquement les mêmes normes que l’Union européenne, et qu’elle durcisse dans la législation 2025 les objectifs fixés aux importateurs de véhicules. Pour favoriser la transition vers un parc automobile électrique, le conseiller national propose de développer le réseau des bornes de recharge, notamment en imposant leur installation aux propriétaires des immeubles disposant de garages privés. Et pour ce qui est de l’aviation, outre des mesures incitatives pour encourager le développement d’avions non (ou moins) polluants, « il faut que le kérosène en Suisse soit enfin taxé ».
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Bataille contre les lobbys au National
En ce qui concerne le chauffage, le politicien est favorable à ce que les mesures qui étaient prévues dans la loi CO2 soient reprises, notamment l’interdiction de la pose de chauffages au gaz ou au mazout dans les nouvelles constructions.
Et puis, enfin, il y a la question des entreprises qui échappent à la taxe carbone « moyennant un plan minimaliste de réduction de leurs émissions », une situation inacceptable pour l’écologiste, qui milite pour que les critères d’exemption soient durcis. Une tâche qui s’annonce ardue : « C’est là qu’il y a le plus gros lobby au Parlement, avec celui des propriétaires. Mais il faut essayer quand même », conclut Daniel Brélaz.
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