Philippe Nantermod: “On ne peut pas sauver le monde. Pas à Berne”

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Entre les séances de commission et son étude d’avocat, Philippe Nantermod prépare l’arrivée des nouveaux élus PLR sous la coupole fédérale. Image: Didier De Iaco / CFJM

Nouvelle législature, nouvel équilibre des forces. Pour le conseiller national PLR Philippe Nantermod, le nouveau parlement devra être moins arrogant à droite et plus pragmatique à gauche.

Philippe Nantermod, sur les réseaux sociaux, vous ne manquez pas une occasion de critiquer le service public, notamment les CFF.
Nous sommes dans le train qui vous ramène en Valais et nous commençons à l’heure. Surprenant?

Ce n’était pas le cas ce matin. Je suis arrivé avec une heure de retard à Berne. Le service public est un monopole. Il doit donc être irréprochable. Et puisqu’on est contraint de travailler avec lui, j’estime qu’on a un droit de critique plus grand.

En tant que parlementaire, vous façonnez la société de demain.
Quelle Suisse rêvez-vous de léguer aux générations futures?

Une Suisse pas si différente de ce qu’elle est aujourd’hui. Je pense que notre pays va dans la bonne direction. Il y a bien quelques décisions avec lesquelles je ne suis pas d’accord. Mais ici les gens sont libres. Ils vivent bien. La Suisse respecte ses citoyens et son environnement.
Le piège c’est de ne voir les choses que par le petit bout de la lorgnette. On l’a vécu il y a quelques années avec les vagues migratoires. Certains étaient obsédés par cette thématique et nous avons failli rompre nos relations avec l’Union européenne. C’est pareil avec la vague verte. On risque de tuer les possibilités de croissance économique.

Elle vous contrarie la vague verte?

La Suisse ne pèse que 0,1% des émissions globales de gaz à effet de serre. Et elle réduit ces émissions depuis le début des années nonante. Je ne dis pas qu’il faut rester les bras croisés. Mais si nous sommes les seuls avec l’Europe à faire un effort, à quoi bon? Nous ferions mieux de mettre nos forces pour nous prémunir des conséquences du réchauffement climatique. Ce n’est pas climatosceptique de le dire. C’est simplement réaliste.

À revoir : La Suisse vire au vert!

La Suisse pourrait se positionner en leader…

Elle peut. Mais si elle est seule, ça ne sert à rien.

Mais elle n’est pas seule. 195 pays ont ratifié l’accord de Paris sur le climat…

Aujourd’hui on n’a pas l’impression que les Etats-Unis et la Chine font un effort pour réduire drastiquement leurs émissions de gaz à effet de serre. Et ils pèsent près de 40% à eux deux.
Mais essayez d’expliquer ça aux nouveaux élus qui arrivent à Berne et qui pensent pouvoir sauver le monde. On ne peut pas sauver le monde. Pas à Berne.
Les Verts n’ont pas de majorité. Et ils connaîtront des revers comme nous tous. Le premier pourrait être la loi sur le CO2. Elle sera soumise au peuple. Et je pense qu’il va la rejeter.

« Les verts connaîtront des revers comme nous tous. Le premier pourrait être la loi sur le co2 »

Avec un rééquilibrage des forces politiques, cette législature s’annonce plus compliquée pour votre groupe?

Pas forcément. Si on arrive à faire une majorité plus large avec l’UDC et le PDC, on pourra faire avancer des dossiers. De manière plus consensuelle. Mais plus solide aussi.

Vous pensez vraiment que l’UDC acceptera d’être plus consensuelle?

Ils devront être moins arrogants qu’ils l’ont été pendant quatre ans. Et nous aussi d’ailleurs.

Quel est votre plus grand défi pour la prochaine législature?

Je veux contribuer à réformer le système de santé. Mais ne me parlez pas de caisse unique. Au contraire, on a besoin de beaucoup plus de concurrence. Les caisses doivent innover, proposer des abonnements à la carte. Les patients doivent avoir une plus grande liberté de choix. Malheureusement, le modèle actuel ne le permet pas.
Mais je gagne en influence au sein de mon groupe. Je serai forcément plus écouté que je ne l’ai été jusqu’ici.


“Mathias Reynard sera élu”

Vous avez renoncé au 2ème tour pour l’élection au Conseil des États. Sans les voix du Haut-Valais, vous n’aviez aucune chance?

Non, mes chances étaient minces mais réelles. Je pouvais encore récupérer des voix à droite. Malheureusement l’UDC a voulu se représenter. C’est un choix stupide du point de vue du rapport des forces politiques.

Depuis dimanche, il y a un phénomène Mathias Reynard en Valais. Ça vous fait quoi?

Je ne vais pas le nier. Bien sûr que je suis un peu jaloux. J’aurais bien voulu faire 10’000 voix de plus. Mais je suis aussi réaliste. Il part avec un socle électoral et un capital sympathie plus élevés que le mien. Je mène des combats qui sont parfois plus compliqués et impopulaires. Mais j’aime bien me battre à contre-courant.

Pascal Couchepin, votre mentor, adoube Mathias Reynard pour défier le PDC. Vous comprenez sa prise de position?

Je ne suis pas surpris. Mathias Reynard est brillant. Nous ne partageons pas les mêmes valeurs politiques mais ça n’enlève rien à ses qualités de conseiller national.
Quel que soit le résultat, il faut admettre que le PDC n’a pas misé sur le bon cheval.

Votre pronostic pour dimanche?

Mathias Reynard sera élu.

À revoir : Le PLR laisse la liberté de vote pour les second tour aux États

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