Au VIIIème siècle, les moines bouddhistes zen consommaient le matcha pour ses bienfaits sur le corps et l’esprit, leur permettant de rester éveillés et concentrés durant de longues séances de méditation. Huit cents ans plus tard, ce thé en poudre fait un retour en force, popularisé par les réseaux sociaux et les cafés branchés du monde entier.
Mais aujourd’hui, le matcha, devenu une icône d’Instagram, conserve-t-il toujours ses vertus originelles pour la santé ou est-il devenu un pur produit marketing ?
Les lattes et autres boissons au matcha ont envahi les cartes de la plupart des cafés tendance en Suisse. Ce thé vert fluo, autrefois réservé aux temples bouddhistes, est aujourd’hui prisé pour son esthétique et sa réputation de boisson « saine ». Les influenceurs et cafés ne s’y sont pas trompés, contribuant à faire du matcha un succès planétaire : certains s’affichent sur Instagram avec ce joli nectar vert, d’autres y voient un business lucratif en développant leur propre marque.
« À l’origine, le matcha se prépare simplement avec de la poudre de thé vert et de l’eau », explique Raphy Fathi, fondateur de Melrose Kitchen à Genève. « C’est ainsi que je le consomme. »
« 90% des gens commandent leur matcha avec du lait et souvent sucré, ce qui fait gonfler le prix »
Or, aujourd’hui, 90% des clients commandent leur matcha avec du lait et souvent sucré », pour adoucir son goût naturellement amer. Résultat: un matcha latte coûte en moyenne 8 CHF, soit bien plus qu’un simple café au lait, et la valeur « healthy » de la boisson s’en trouve amoindrie.
Un phénomène marketing qui s’étend au-delà des boissons
Et la tendance ne s’arrête pas là. On peut trouver ce produit onéreux (en moyenne 70 Chf les 100gr en magasin) dans du maquillage, des produits transformés, des pâtisseries et même dans des recettes. Ce qui n’est pas du goût de tous les restaurateurs. Loris Poiblaud, chef et tik-tokeur, nous a donné son avis sur cette matcha mania.
Le matcha ne se limite plus aux tasses : on le retrouve dans des produits de beauté, des pâtisseries, et même dans des plats transformés. Et niveau prix, à la migros ou à la Coop, on le retrouve en moyenne à 70Chf les 100gr.
Pourtant, cette expansion ne fait pas l’unanimité dans le monde de la restauration. Loris Poiblaud, chef et créateur sur TikTok, est lui sceptique face à cet engouement.