Candidat malheureux des dernières élections fédérales, Leonardo Gomez Mariaca fête cette année les 20 ans de son parti, les Vert’libéraux. Coup de projecteur sur deux acteurs de la politique fribourgeoise et suisse dont les destins sont intimement liés.
Lorsque le Parti vert’libéral a vu le jour à Zurich le 2 juillet 2004, Leonardo Gomez Mariaca avait six ans. « Je devais certainement être en train de jouer avec une grenouille dans le quartier de Bel Air, à Marly. » Vingt ans plus tard, le Fribourgeois de 26 ans et le PVL ont bien grandi. Une croissance parallèle, amorcée dès le début des années 2020.
Assis dans un café situé à côté de l’université de Fribourg, où il a étudié le droit, Leonardo Gomez Mariaca — qui arbore toujours sa grosse barbe, mais qui a laissé tomber les lunettes — se souvient de ses débuts. Après avoir vécu à Vevey, il revient vivre dans la cité des Zaehringen, où l’envie de faire de la politique lui vient à la fin du collège. « J’avais envie de me lancer, alors je suis allé à la pêche aux partis. » Après être allé à la rencontre des Socialistes, des Centristes, des Libéraux et des Verts, son choix s’arrête finalement sur les Vert’libéraux. « Un parti centriste, progressiste et libéral, mais qui est aussi ouvert vers l’extérieur », explique-t-il, costard et chemise blanche sur le dos, une frite à la main et une fougasse végétarienne aux olives dans l’assiette.
« J’avais envie de me lancer, alors je suis allé à la pêche aux partis. »
Depuis, Leonardo Gomez Mariaca n’a cessé de gagner en importance au sein de la section fribourgeoise du PVL. Il se lance d’abord dans la course au Conseil général de la ville de Fribourg en 2021, puis tente, toujours sans succès, le grand saut en briguant un siège au Conseil national et au Conseil des États en 2023. « Une expérience incroyable », durant laquelle il a pu débattre avec l’une des politiciennes qu’il admire le plus, la centriste Isabelle Chassot. « C’est une personne que je respecte beaucoup, même si je ne suis pas toujours d’accord avec elle. »
Aujourd’hui, si le vice-président du PVL Fribourg souhaite marcher dans les pas de l’actuelle conseillère aux États fribourgeoise, une question se pose : ne serait-il pas judicieux de changer de parti et de rejoindre l’un des mastodontes de la politique helvétique ? Avant de répondre, Leonardo Gomez Mariaca sourit et prend une gorgée de son thé froid maison. « C’est une question que l’on m’a souvent posée, mais elle n’est pas pertinente. Ce ne serait pas mes idées, et quel autre parti m’aurait mis en tête de liste pour ces élections ? C’est inimaginable ! »
Des ambitions malgré des scores décevants
Leonardo Gomez Mariaca n’a pas réussi à convaincre les Fribourgeois tout comme son parti, qui a reculé au niveau fédéral avec une perte de six sièges sur seize au Conseil national. « Mais, comparativement aux Vert-e-s, on a fortement limité la casse. » Les Vert’libéraux ont certes gagné des voix depuis leurs premières élections fédérales en 2007, mais ils restent, encore et toujours, la sixième force du pays, et cela, malgré la vague verte. « Nous sommes un jeune parti, il faut laisser le temps au temps. » Et du temps devant lui, ce Suisse d’origine costaricienne et bolivienne en a. Actuellement en stage d’avocat dans une étude fribourgeoise – d’où le costard – il se laisse rêver à devenir un jour député au Grand Conseil ou conseiller national.
Il l’avoue aussi, il aimerait bien intégrer un exécutif, comme le Conseil d’État. Une trajectoire qu’il associe à celle de son parti, qui a célébré son jubilé le mois passé dans le canton de Zurich : « Dans vingt ans ? Nous aurons un siège au Conseil fédéral », sourit-il, imaginant une augmentation du nombre de sages sous la coupole pour y arriver. Le jeune Fribourgeois estime aussi que son parti a toutes les compétences requises pour intégrer un gouvernement. « Nos profils sont ceux de personnes qui ont cette envie de consensus, de dialogue. » Une ambition en harmonie avec ses multiples engagements. « Si ça m’intéresse, je vais le faire », explique-t-il avant de les compter sur ses doigts : Fédération romande des consommateurs, Commission d’égalité hommes-femmes et de la famille, Association de quartier Jura-Torry-Miséricorde et Association ProEole Fribourg.
Un discours à faire passer
Le chemin est encore long pour atteindre ces objectifs politiques. Pourtant, les membres du PVL auraient pu tenter un coup de poker afin d’accélérer ce processus. Cet été, Gerhard Pfister, président du Centre, a évoqué l’idée d’une fusion avec les Vert’libéraux. Une hypothèse qui n’a pas séduit les membres du PVL. « En politique, un plus un n’est pas forcément égal à deux. » Les deux formations sont proches sur l’échiquier politique, mais les Vert’libéraux en sortiraient affaiblis. « Beaucoup de nos membres partiraient chez le PLR, d’autres iraient chez les Vert-e-s, et quelques-uns seulement resteraient au Centre. »
« En politique, un plus un n’est pas forcément égal à deux. »
En restant indépendant, le PVL garde ainsi la main sur son discours politique qui met en lien la défense de l’environnement et le libéralisme économique. « Ce sont deux thèmes qui nous tiennent à cœur parce que c’est notre ADN politique. » Aujourd’hui ces sujets ont néanmoins tendance à s’opposer dans un monde de plus en plus polarisé, mais pas pour Leonardo Gomez Mariaca pour qui la transition écologique passe par l’innovation et le secteur privé. « Le peuple ne veut plus payer de taxes. » Voici donc un autre défi pour le PVL : parvenir à faire entendre un discours moins accessible au grand public que celui d’autres partis. Une mission que Leonardo Gomez Mariaca tentera de mener à bien lors des vingt prochaines années, « en allant au moins une fois par mois au marché », conclut-il en souriant.