Baptiste Hurni, un hyperactif dans l’aide aux plus faibles

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À seulement 35 ans, le conseiller national neuchâtelois s’est déjà fait une place dans le paysage politique cantonal et veut se faire entendre au Parlement à Berne.

Baptiste Hurni a fait ses premiers pas au Parlement à Berne en 2019. (Photo : RTN)
Baptiste Hurni devant le Palais fédéral lors de son premier jour au Parlement, le 2 décembre 2019. ©Photo RTN

Un vieil et charmant immeuble du centre de Neuchâtel, des plafonds hauts, c’est dans son étude aux allures luxueuses que Baptiste Hurni travaille en tant qu’avocat. Un style qui tranche avec celui du conseiller national qui va accueillir lui-même ses visiteurs, en toute décontraction, dans son jeans sobre.

De la décontraction également au moment de revenir sur sa carrière politique, à l’heure où il vient de quitter son poste au Conseil général de la ville de Neuchâtel. Une déjà bien longue carrière pour son jeune âge, lui qui n’était pas forcément destiné à s’engager dans la politique. Né dans une famille qu’il qualifie de traditionnelle avec un père travaillant à plein-temps et une mère qui reste à la maison à s’occuper de lui et son frère, sa vision de la Suisse et de sa politique tranche avec le traditionalisme. Et pourtant c’est grâce à ses parents et à leur métier d’enseignant de grec et de latin que Baptiste Hurni s’est ouvert au monde et a cultivé sa curiosité à travers de nombreux voyages autour de la Méditerranée. Il a ainsi fait naître en lui l’envie d’aider les plus démunis et de changer les choses dans son petit pays pour améliorer les conditions de vie des réfugiés.

Réaction directe à l’élection de Christoph Blocher

Les valeurs de Baptiste Hurni sont très socialistes et tranchent avec celles de l’UDC. C’est donc presque naturellement qu’au lendemain de l’élection au Conseil fédéral de Christoph Blocher, en 2003, que le jeune militant décide d’adhérer au Parti socialiste pour faire entendre sa voix et ses idées.

Tout commence pour le mieux pour le jeune politicien. À tout juste 18 ans, il est élu au Conseil général de sa petite commune de Noiraigue et accède même à l’exécutif grâce à son très bon résultat. Une première expérience enrichissante puisque c’est là qu’il commence réellement son apprentissage de la politique. Il comprend que ses idées ne vont pas toujours séduire tout un législatif mais aussi que la politique peut être violente.

« La seule fois où j’ai vraiment envisagé d’abandonner, c’est après avoir été rayé de la liste de l’exécutif de Val-de-Travers. »

Violent, c’est le terme qu’il utilise pour décrire sa première et plus grosse déconvenue politique de sa carrière, lorsque son propre parti le raye de la liste des candidats à l’exécutif professionnel de la nouvelle commune fusionnée de Val-de-Travers, au profit d’une personnalité plus expérimentée et qui occupe un poste important. Un coup dur pour le politicien, âgé à ce moment-là de seulement 22 ans. S’il en parle ouvertement aujourd’hui, on peut voir dans son regard que la blessure restera gravée en lui. « La seule fois où j’ai vraiment envisagé d’abandonner, c’est après ce qui s’est passé au Val-de-Travers. C’est le premier gros échec que je vivais et jusqu’à aujourd’hui, je pense que c’est le plus violent » explique-t-il. Mais son envie et ses convictions étaient plus fortes que sa désillusion et ce n’est pas son genre d’idéaliser les personnes qui réussissent tout du premier coup. Au contraire, il avoue respecter d’autant plus celles qui ont su se relever après être tombées de haut, de très haut dans son cas.

Il va donc continuer son chemin dans la politique, mais à Neuchâtel, où il habite pour ses études. N’étant plus établi dans le Val-de-Travers, son honnêteté le pousse à démissionner du Conseil général. L’honnêteté, une valeur très importante dans sa vision de la politique car selon lui, il n’est pas possible d’avoir du plaisir dans sa fonction si on a des choses à cacher, et d’ajouter : « Pour moi, il y a une vraie notion de plaisir. Si vous n’en avez pas, il faut arrêter ». C’est donc bien dans ses bottes que Baptiste Hurni devient le plus jeune député du Grand Conseil neuchâtelois et accède à la présidence du parti socialiste cantonal.

Un homme qui se bat pour les femmes

Sa carrière continue donc à avancer, avec succès, même s’il s’est toujours refusé à un plan de carrière. « En politique, comme d’autres domaines dans lesquels vous ne maîtrisez pas tout, la meilleure manière de se planter, c’est d’avoir un plan de carrière ». Au fil des années, le Neuchâtelois va se faire aux pratiques parfois dures de la politique et c’est ainsi qu’il a pu prendre avec philosophie ce qui aurait pu être un deuxième coup dur dans sa carrière : son éviction de l’élection au Conseil des Etats en 2015 au profit de candidatures féminines.

L’égalité hommes-femmes et la parité dans la représentation dans les institutions, des valeurs qui lui sont chères. Mais il l’avoue volontiers, ce n’est pas toujours facile d’être un jeune homme et de défendre l’égalité. Cependant, il a continué à le faire et n’a pas hésité à se mettre parfois en retrait, pour être en accord total avec ses convictions de parité, car selon lui « si le Parti socialiste ne défend pas cette valeur en ayant des listes au maximum paritaires, il n’y a personne qui ne le fera ».

Tout vient à point à qui sait attendre

Malgré son éviction de l’élection aux Etats en 2015, Baptiste Hurni va continuer à s’engager et accède ainsi au Conseil national en 2019. Une nouvelle tâche qui demande une fine organisation et d’autant plus depuis l’été 2021 et la naissance de sa fille. Une organisation devenue compliquée, ce qui l’a poussé à se retirer du Conseil général de Neuchâtel il y a une semaine. Mais parallèlement, cet heureux événement n’a fait que renforcer sa volonté de se battre pour des sujets sociétaux, au cœur de sa politique et de ses engagements auprès de diverses associations et institutions telles que la Croix-Rouge, la Fédération suisse des patients ou encore l’Association des droits des locataires de Suisse romande. Arguant un sourire derrière son masque, Baptiste Hurni le clame : maintenant, il ne se bat plus seulement pour lui et ses convictions, mais aussi pour permettre à sa fille de s’épanouir dans sa vie qui commence.

BIO

1986 Naissance à Neuchâtel puis enfance à St-Aubin-Sauges
2003 Adhésion au Parti socialiste neuchâtelois
2004 Election au Conseil communal de Noiraigue
2008 Retiré de la liste pour le Conseil communal mais élu au Conseil général de la commune fusionnée de Val-de-Travers
2015 Retiré de la liste de son parti pour les élections aux Conseil des Etats
2019 Élu conseiller national
2022 Démission du Conseil général de Neuchâtel pour se focaliser sur ses autres engagements et sa vie de père.

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